Et l'assemblée chanta jusqu'à ce que les dernières braises se consument...

Le spectacle

Et l’assemblée chanta jusqu’à ce que les dernières braises se consument…
Deux femmes se font l’écho de ces voix lointaines… Deux comédiennes pour une entité traversée de multiples visages.
La rumeur gronde. Les corps jaillissent pour rejouer le destin d’une femme. Par fragments de mémoires, ceux qui l’ont condamnée pour sorcellerie ressurgissent. Derrière la parole de ses accusateurs, la « sorcière » apparaît en négatif, prend corps petit à petit pour se retrouver une ultime fois face à son bourreau.
Le texte est monté en boucle, fait de fragments, de réminiscences, où les époques et les styles se conjuguent.
La danse se mêle au jeu et projette ce conflit, jusqu’à la rupture. Dans cette confrontation, les rôles se confondent, oscillent entre brutalité et douceur : un combat qui révèle ce qui dort en chacun. La danse est intimement liée au jeu. Elle puise une attitude, une respiration et une intensité contenue, tant pour refléter les combats intérieurs et les affrontements directs que pour créer une dimension flottante, au-delà de tout réalisme.
La scénographie rappelle les paradoxes de chacun : il faut se méfier de l’eau qui dort.

Note d’intention

La chasse aux sorcières n’est pas un détail de l’Histoire. Afin de préserver l’union d’une communauté, le système de bouc émissaire est toujours de rigueur. Chercher et détruire un ennemi commun permet de garantir l’ordre établi. La misère et l’ignorance sont le terreau de cette politique qui s’appuie sur une population consentante.

La répression de la sorcellerie éclate à la Renaissance, contaminant l’Europe entière. Les inculpés, majoritairement des femmes sont accusés de faire périr l’Humanité. La suspicion envers elles se propage au travers de manuels d’inquisiteurs, tel que Le Marteau des Sorcières, manifeste anti-femme et best-seller de l’époque.

Autrefois pleinement intégrées à la communauté villageoise, guérisseuses, devineresses, païennes sont désormais taxées de la plus grande hérésie : la sorcellerie. Dans cette frénésie, même une simple rancœur suffit à rendre une femme « sorcière ».

Précipitées alors dans l’engrenage d’une justice implacable, soumises à la torture, seul un aveu mettra fin à leur supplice… Nous nous interrogeons alors sur les motivations du bourreau.
Nous avons écrit le texte du spectacle d’après Le Marteau des Sorcières de Jacques Sprenger et Henry Institoris, La Rumeur de Chapendu de Jean-Michel Abt, des témoignages collectés. Nous nous sommes aussi inspirés des Procès Inédits de Boguet en matière de sorcellerie dans la grande judicature de Saint-Claude de Francis Bavoux.
En 1977, Jean-Michel Abt soutient une thèse de médecine intitulée La Rumeur de Chapendu, Réflexions autour d’une affaire de sorcellerie. Son étude porte sur le cas d’une jeune fille, en 1918, accusée de détenir des pouvoirs maléfiques. Soixante ans après les faits, il se rend sur les lieux et recueille les témoignages de la personne incriminée et de ses accusateurs. Au cours d’entretiens avec lui, il nous fait part de son analyse : la personne la plus démunie, la moins armée va devenir la plus dangereuse. Parce qu’elle renvoie à cette précarité qu’il y a en nous et que nous ne voulons pas.

A notre tour, nous sommes allés à la rencontre des derniers témoins de l’époque et de leurs descendants. Cette histoire persiste aujourd’hui. Même si elle a été déformée et assimilée à d’autres récits, le malaise et le secret qui l’entourent sont encore palpables. Le spectacle naît d’une rumeur grandissante : ce sont leurs paroles et leurs non-dits.

Au XVème siècle, deux dominicains, Sprenger et Institoris rédigent un manuel pratique à l’usage des juges. Le Malleus Maleficarum ou Marteau des Sorcières vise à exterminer toute femme en marge du système patriarcal et des règles dictées par l’Eglise. Un «remède» et un «soulagement» pour les mortels, administré pieusement et en toute bonté. Responsables du malheur des hommes, les femmes sont associées au diable..

Francis Bavoux retranscrit les procès du démonologue et juge Henri Boguet. Ils témoignent du mécanisme judiciaire de l’époque. Sans défense, la prévenue est martelée de questions. L’issue de l’interrogatoire est déterminée à l’avance.
En règle générale, les procès sont rapportés par le greffier qui les rédige à la troisième personne. En revanche, ce document d’archives là nous a bouleversé. En effet, celui-ci fait parfois apparaître la parole de l’accusée à la première personne du singulier. « Je » résonne alors comme une voix sortie des abîmes.

Création 2005

Créé avec le soutien du Conseil Général du Doubs et la Ville de Besançon.

Distribution

Entretiens : Frédéric Joannès, Cécile Lemaitre, Mathilde Ménager et Davy Mougin

Écriture : Frédéric Joannès, Cécile Lemaitre et Mathilde Ménager

Mise en scène : Frédéric Joannès

Jeu : Cécile Lemaitre et Mathilde Ménager

Chorégraphie : Cécile Lemaitre, Mathilde Ménager et Chu-Hsin Weng

Scénographie : Aurélia Gonthier, Stéphane Ciancio, Frédéric Joannès et Xavier Mélot

Création lumière : François Robert, Xavier Mélot

Création univers sonore : François Robert

Costumes : Aurélia Gonthier

Nous remercions aussi :
Jean-Michel Abt, Jean Adam, David Ball, Rémy Bole-Richard, Jean-François Bonnot, Raphaël Brobst, Pascal Brunet, Culture Action, Jean-Christophe Demard, Jean-Louis Dousson, Monique Halm-Tisserand, François Lassus, les éditions Millon, Marie-Anne Ménager, Fabrice Rey, Brigitte Rochelandet, le musée Albert et Félicie Demard, et toutes les autres personnes qui ont contribué à la réalisation du spectacle, ainsi que les personnes qui ont acceptées de témoigner.

 

Cliquez pour voir les dates passées + -

Nouvelle version :
2015 :
du 4 au 7 mars - Théâtre de l'Uchronie - Lyon (69)
2013 :
16 mai - Théâtre le Fou - Lyon (69)
Ancienne version :
2008 :
25 juillet - Théâtre en plein air - Bannans (25) - festival de l'Eau Vive
3 mai - Théâtre du Lavoir - Pontarlier (25) - dans le cadre d'un colloque organisé par le Cercle Freudien Bisontin
29 avril - Foyer des Jeunes Travailleurs - Besançon (25)
2005 :
17 septembre - Archives Départementales du Doubs - Besançon (25) - dans le cadre des Lectures Insolites organisées par le Conseil Général du Doubs à l'occasion des Journées du Patrimoine
4 et 8 juin - Petit Théâtre de la Bouloie - Besançon (25) - festival Rencontres Jeune Création organisé par la Ville de Besançon

 

VOLVER ARRIBA